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Allons enfants de #dhiha5! (un but pour la France)

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De tous les aspects à propos desquels je pourrais m’épancher sur la facon dont articuler situation de jeune chercheur et recherche en humanités numériques, il y en a une qui me tient particulièrement à coeur: la question de la langue.

Jamais communauté scientifique ne m’est autant apparu comme une communauté que celle des humanités numériques. Au-delà des disciplines, au-delà des frontières linguistiques, les échanges se poursuivent, se croisent, par twitter interposé, par blog interposé. Cela ne fonctionne vraiment que parce que chacun apporte plusieurs compétences linguistiques. Ce n’est pas un hasard si je poste cette contribution sur mon carnet anglophone: dans cette Babel numérique, chacun s’exprime dans différentes langues, et au moment de tout mettre ensemble – on passe par l’anglais.

L’anglais est une langue souple, fluide, drôle, facile à manier (j’en ai déjà parlé ici). Mais la manier en ne la maîtrisant pas parfaitement finit par l’aplatir et réduire ses subtilités, bref, en faire une langue dans laquelle on communique plus qu’on ne pense. C’est ce qui se passe inéluctablement dans le domaine des humanités numériques lorsque des gens comme moi se mettent dans la tête de blogger en anglais pour toucher un public plus vaste.

Il faut tenir compte de cette faiblesse en se confrontant à l’anglais comme langue scientifique. Comment trouver une attitude constructive, qui n’en fasse pas un repoussoir, sans tomber pour autant dans le tout-anglais? Le corrélat vaut aussi: comment soutenir et favoriser de manière pertinente une culture du multilinguisme?

Pour les jeunes chercheurs, c’est aussi une question stratégique. Vaut-il mieux publier en anglais quelque chose qui sera moins fin que si je le publiais dans ma langue maternelle, où cela ne sera lu que par 3 personnes? Est-il bien raisonnable d’envisager de ne pas trancher et vouloir présenter une version anglaise et une version en langue maternelle de ses travaux? Qui a le temps de dédoubler sa pensée en deux langues, aussi intéressante que soit, ponctuellement, l’expérience?

Le cleo fait des efforts considérables pour offrir un point d’accueil ouvert à ce genre de démarches, et permettre d’expérimenter avec des formes multilingues. Cela reste du domaine de l’expérimentation, qui fonctionne d’autant mieux que nous sommes dans une phase de mouvement, d’auto-définition du domaine. Mais à un moment, un modèle finira par s’établir, et de préférence, un modèle qui ne laisse pas des grappes de post-doc sur le bord de la route parce qu’ils ont fait les mauvais choix stratégiques. Mais lesquels sont les bons? On ne peut pas encore savoir si s’investir dans un blog en anglais (ca prend du temps) est un bon ou un mauvais choix, en l’état. On peut juste spéculer et espérer (et, croisant de temps en temps ses lecteurs, se dire qu’ils existent vraiment, c’est déjà ca).

Comme le disait (en anglais) Frédéric Clavert dans son blog hier, il y a un problème de reconnaissance de la part de la communauté nativement anglophone en humanités numériques. Peut-être pourrait-on réfléchir à de nouvelles facons d’envisager les relations des départements d’humanités numériques aux États-Unis, au Canada, en Angleterre avec ceux des pays non nativement anglophones. Parce qu’il ne suffit pas de suivre des anglophones sur twitter pour pouvoir écrire en anglais. Seriously.


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